Noël
L'arbre est là, tout embrasé, à la lumière de nombreuses bougies. Les tables, recouvertes de nappes blanches, sont couvertes de paquets joliment emballés, de cadeaux déposés là par amour. Tout d'abord, le plus jeune de la famille s'avance et récite l'histoire de la Nativité selon saint Luc. Ensuite, nous chantons pour la première fois "Douce nuit" - trois couplets en allemand et en anglais. Et puis chacun souhaite à chacun, non pas un "joyeux", mais un "bon Noël" : Gesegnete Weihnachten. Après cela, la mère conduit chacun à sa place et, pendant l'heure qui suit, la pièce est remplie d'exclamations joyeuses.
Ensuite, la cloche sonne pour le dîner. C'est aussi la tradition : carpe accompagnée de salade de pommes de terre et, en dessert, de la Knörpeltorte.
Le premier à se lever de table est le père. Lorsqu'il est entièrement vêtu de son lourd manteau d'hiver, il prend une lanterne contenant une bougie allumée et se tient tout seul dans le hall et chante "Bergers, debout !", un vieux chant de Noël que l'on ne chante qu'une fois par an. Nous ne le chantons jamais plus tôt et nous ne le répétons jamais plus tard.
Alors que dans toute la maison, les portes des chambres s'ouvrent, une à une, la famille entre.
Nous descendons et nous nous joignons au père pour chanter. Tout le monde est prêt à partir, chacun porte sa lanterne. Nous nous tenons là et chantons couplet après couplet, chaque couplet un ton plus haut, jusqu'à ce que nous soyons tous réunis. Et puis nous sortons dans la glace et la neige, car dans le Vermont comme en Autriche, il y a toujours un Noël blanc (ou presque toujours) à la petite église du village pour la messe de minuit.
Stowe, dans le Vermont, est aussi froide que l'Autriche (et parfois beaucoup plus froide), et ce voyage nous rappelle toujours beaucoup Noël dans notre ancienne maison. Là, il y avait environ dix minutes à pied pour rejoindre la petite église d'Aigen bei Salzburg, un village entouré de montagnes. Nous avions l'habitude de nous attarder un peu devant l'église, d'écouter les accords de "Douce nuit" et "Oh, du Frohliche", joués par des cors depuis le clocher de l'église, et d'observer les nombreuses petites étincelles qui descendaient des montagnes - les gens portant des torches et des lanternes. On aurait dit que des étoiles descendaient du flanc de la montagne - un joli tableau.
Aujourd'hui, dans notre nouvelle maison dans le Vermont, nous procédons ainsi : comme l'église est à cinq kilomètres, nous n'y allons pas à pied. Sur le chemin du retour après la messe de minuit, nous laissons les voitures au pied de la colline et nous montons à pied. C'est un vrai plaisir. Certaines parties de la route traversent les bois et, tandis que nous grimpons la colline, la neige grince à chaque pas, les étoiles semblent scintiller beaucoup plus fort que n'importe quelle autre nuit.
L'air froid et vif de l'hiver semble saturé de cette paix qui caractérise la période de Noël depuis le premier Noël, lorsque l'ange l'a annoncé : « Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »
A la maison, un autre régal nous attend. Le dîner est servi tôt et tout le monde a faim. On commence donc par des saucisses de Francfort cuites à la vapeur avec du pain de seigle noir, puis on déguste le fameux punch de Noël, servi avec du stollen de Noël.
Cette réunion après la messe de minuit dans la salle de Noël, où règne cette indescriptible « odeur de Noël » composée de bougies de cire, de petits gâteaux et de sapin baumier, a une qualité si particulière que le mot « gemütlich » lui-même devient insuffisant. Il est difficile de se détacher du sapin de Noël et des cadeaux. Les enfants, petits et grands, emportent chacun leur cadeau préféré au lit.
JOUR DE NOËL
Une fois que tout le monde est endormi, la nuit n'est pas très longue. Le matin nous retrouve à la chapelle. Après avoir célébré la « Messe des Anges » à minuit, nous retournons à la crèche, avec les simples gardiens des brebis, pour la « Messe des bergers », qui doit être dite à l'aube, suivie en plein jour d'une grand-messe solennelle.
C'est comme si le grand mystère de l'Incarnation ne pouvait pas être suffisamment contemplé dans une seule Sainte Messe. La triple venue du Christ, pour laquelle nous prions et attendons depuis des semaines, nous aimons la célébrer de manière triple. Déjà les petits enfants en ont le sentiment et, l’immense importance et le mystère du jour où ils sont convoqués à l’église trois fois au lieu d’une.
Ensuite, on est « sacrément fatigué », comme disait une de nos petites filles, et prêt pour le repas de Noël, qui apporte l'oie traditionnelle, cuite « juste comme il faut ».
Le dessert de Noël est le pudding aux prunes, porté en flammes avec les lumières éteintes.
Le soir de Noël, nous nous réunissons dans la salle de Noël, rallumons le sapin et chantons des chants de Noël pour le plus grand plaisir de nos cœurs.
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